Eglise de Jonvelle

 

Travaux  du  Clocher cliquez pour une visite intérieur de l'église

Elle représente à la fois trois époques:

Le Style ROMAN : Nef de droite (12é  - 1133)

Le Style GOTHIQUE ou OGIVAL :

Le choeur ( fin 13é )

Le Style FLAMBOYANT :

Nef de gauche (17é et 18é )

Ce qui indique bien les reconstructions et additions successive qu'elle a reçues au cours des destructions engendrées par les guerrres et batailles dont elle a été temoin si souvent au cours de l'histoire.

Eglise de Jonvelle 70500 (Monument historique)

Au dessus de la porte d'entrée, l'inscription a été martelée par les "Révolutionnaires", ainsi que les ECUSSONS sur la face Nord du clocher.

En pénétrant dans cette église, autrefois consacrée à Saint PIERRE et maintenant à l'Assomption , on est frappé par son Architecture Originale.

eglise2.jpg (61347 octets)

 

Roman - 1133 Nef de Droite

Il semble que l'Eglise primitive etait toute entière de STYLE ROMAN. Les Nefs ne paraissent n'avoir jamais été voûtées "les piles étaient trop faibles pour les supporter, mais couvertent simplement sous charpente, masquées ou non par un plafond lambrisé" (Tournier)

L'église était en même temps prieurale et paroissiale : le maître-autel était réservé exclusivement pour les offices du Prieuré et le service Paroissial se faisait hors du choeur, à un autel latéral érigé sous le vocable de l'assomption.

Vue coté Choeur

Le plan de l'église d'après  lith. de Moitoiret, Vesoul

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Documents Origine : Abbé E.DESCOURVIERES



JONVELLE ET SON EGLISE

 

Abbé DESCOURVIERES, curé de Jonvelle

«Celui qui ne se rend point compte de ce qui s'est passé pendant 3000 ans végète dans les ombres de I'ignorance et se borne à vivre au jour le jour» Goethe

JONVELLE !!! Ce nom sonne clair à travers les Ages comme l'appel strident de là trompette du capitaine Thierry la Valeur, un de ses vaillants défenseurs du 16éme siècle. Sur les limites des départements des Vosges, de la Haute-Marne et de la Haute-Saône, en contrebas de la "Route des Eaux", RN 417 de Chaumont à Colmar, par Bourbonne, Luxeuil, Plombières, Remiremont et Gérardmer, se trouve le village de Jonvelle bâti sur les bords de la Saône. Nos ancêtres les Gaulois habitaient déjà le pays de Jonvelle dont le nom vient de «Junus» ou «Jovis-Villa». Des fouilles, au lieu-dit «Les Jourdaines» viennent de révéler qu'ils s'y étaient installés confortablement . On a mis à jour en 1968 , les bains privés de la «Maison de Maître», décorés de mosaiques par un artiste délicat qui, tant par le dessin que par la couleur, faisait preuve de goût et de talent. «Geonisvilla» c'est sous ce titre inédit que pour la première fois, Jonvelle, dans le diplôme de Charlemagne, a le titre de «Castrum». Détruit par l'invasion des barbares au 5ème ou 6ème siècle, Jonvelle fut rebâti dans la boucle de la Saône. Là venaient se toucher la Franche-Comté, le Barrois, la Champagne et la Lorraine. La borne des trois provinces signalée sur les cartes et dans la tradition orale, n'a pu encore être retrouvée et identifiée. Chef-lieu d'une baronie des plus cèlebres au Moyen Age, Jonvelle se rattache étroitement à l'histoire du Comté de Bourgogne dont il subit toutes les vicissitudes. Ce noble fief , un des plus riches de Comté fut tenu jusque vers la fin du 14ème siècle par une Maison de Seigneurs indigènes et résidants, qui mêla son sang à celui des plus illustres familles. En 1378, quatre ans après la mort du dernier Sire de Jonvelle, cette Terre passa aux mains des «La Trémouille» sous la suzeraineté des Ducs de Bourgogne et bientôt de la couronne de France. Vers la fin du 15ème siècle, elle est englobée dans le Domaine direct de nos Souverains, les duchesses et comtesses de Bourgogne, Isabelle de Portugal et Marguerite d'Angleterre, ne dédaignent pas ajouter à leurs titres pompeux, celui de «Dame de Jonvelle». Au 16ème siècle la seigneurie de Jonvelle, partageant les destinées du Comté , retombe aux mains des Rois d'Espagne qui d'abord l'inféodent à quelques vassaux , comme les «Ghenarraz» et les d' «Andelot», puis l'administrent directement jusqu'au jour où notre Province devint définitivement française en 1674.

Ce rapide aperçu historique peut donner une idée de l'importance de Jonvelle dans les siècles passés. Cette Ville renfermait un château princier, avec le magnifique entourage de la noblesse, de la puissance et de la Justice souveraine (Gens d'Armes, Capitaines, Prévôts, Sergents, Notaires, Foires et Marchés ...). Elle avaît deux églises paroissiales, un prieuré et une maison de carmes. La Communauté de Bourgeois affranchis du servage en 1354 était gouvernée par un Maire et deux Echevins et un Conseil de Prud'hommes élus par elle-même.

La place était défendue contre la violence du dehors par le lit profond de la Saône et par une ceinture de bonnes murailles, deux portes fermaient la Ville. Une citadelle et des forts avancés (Carlinfort) protégeaient la partie qui n'était point couverte par la Saône. Placée comme une sentinelle avancée sur les frontières de France et de Lorraine, cette forteresse commandait les Grandes Routes de Comté en Lorraine et en Champagne; elle était la clef du pays sur ce point et par conséquent des plus exposée aux attaques ennemies. C'était un poste d'honneur et de danger vingt fois dans chaque siècle, elle vit les armées étrangères se présenter devant ses remparts et y trouver une barrière infranchissable. Mais après avoir été longtemps la terreur de la Patrie, Jonvelle succomba en 1641, livrée à une Armée Française par son lâche gouverneur «Gaucher du Magny». La ville fut brulée, ses forts et son château rasés de fond en comble.

«Clamabunt Lapides !». Oui les pierres parlent, les pierres crient, elles sont chargées de souvenirs. Il ne reste plus que les tracés des fossés et des remparts, un pan de l'ancien château, quelques vieilles pierres sculptées et datées à la facade des maisons. Voilà tout ce qui reste d'une cité, opulent Chef-Lieu d'une vaste Châtellenie. Voilà tout ce qui reste d'une ville de guerre qui fut pendant 4 ou 5 sièclces, un des boulevards de notre Province. Mais tout nous rappelle ces souvenirs où la vie était dure et grandiose, dans les ruines affaissées ou debout qui couvrent cette terre, autrefois cuirassée et respirant à peine sous le poids des armes et des boucliers.

En arrivant de Corre, dès qu'on aperçoit le village de Jonvelle, on est frappé par l'imposante stature de l'église, coiffée d'une énorme toiture qui laisse apparaître, en arrière plan, ce qui fut le prieuré.

En descendant la Grande-Rue, on est irrésistiblement attiré vers cette place magnifique abritée par cette «Vénérable Eglise», inscrite à l'inventaire des Monuments Historiques par arrêté du 24 Janvier 1927.

En avant de l'édifice se trouve un porche «élégant et magnifique» de forme carrée, ouvert sur trois côtés et supporté par deux colonnes rondes sans chapiteaux. Les gargouilles bien conservées se remarquent aussi sur la tour du beffroi. Le portail flamboyant est resté fidèle au plein cintre, «le tympan est orné d'une rosace à quatre lobes accompagnée par des soufflets et des mouchettes». Au dessus de la porte, l'inscription a été martélée par les «Révolutionnaires», ainsi que les écussons sur là face nord du clocher. En pénétrant dans cette Eglise, autrefois dédiée à Saint-Pierre et maintenant consacrée à l'Assomption, on est frappé par son architecture originale.

Elle représente à la fois trois époques :

Le Style Roman : Nef de droite (12ème – 1133)

Le Style Ogival : Le coeur (fin du 13ème)

Le Style Flamboyant : Nef de gauche (17ème et 18ème)

Ce qui indique bien les reconstructions et additions successives qu'elle a reçues au cours des siécles, probablement à la suite des destructions engendrées par les guerres et les batailles dont elle a été témoin si souvent dans l'histoire.

Roman : 1133

Nef de droite

 

Il semble que l'Eglise primitive était toute entière de style roman. Les nefs ne paraissent n'avoir jamais été voûtées (les piles étant trop faibles pour les supporter) mais couvertes simplement sous charpente masquées ou non par un plafond lambrissé. L'église était en même temps prieurale et paroissiale; le Maître-Autel était réservé exclusivement pour les offices du prieuré et le service paroissial se faisait hors du choeur, à un autel latéral, érigé sous le vocable de l'Assomption. Le prieuré ayant été fondé en 1133, il semble que la nef de droite date de cette époque. Elle a été diminuée d'une travée par les Jésuites au 17ème siècle pour réserver un passage au cloître (sous la montée de l'escalier de la tribune). Les anciennes arcades sont de ce côté et, l'avant dernier support garde le souvenir de l'Arc Triomphal par un dosseret dont la tête, en dominant les tablettes des arcades, laisse préssentir que la maîtresse nef était plus haute sinon éclairée. Les Pilastres carrées, aux bases chanfreinées, marquent le pure style roman, de même que les cordons et les impostes.

Gothique – Fin 13ème

Le Choeur

L'église du prieuré «Clunisien» a perdu son chevet au profit d'un choeur gothique rectangulaire qui date de la seconde moitié du 13ème siècle. Une lourde ogive formant arc-doubleau, partage la voûte en deux travées ornées de nervures diagonales. Les parements latéraux et les pilastrcs à triple colonnes qui portent les retombées des nervures, présentent un écartement considérable qui semble être un effet voulu à l'origine et légèrement accentué au cours des siècles. Derrière le Grand-Autel, étincelant d'or, une verrière resplendissante de lumière occupe presque toute la surface de l'abside. Cette baie de style Flambloyant date du 15ème ou 16ème siècle; elle a remplacé l'ancienne fenêtre à deux meneaux, plus large et plus profonde. Cette verrière, divisée en cinq panneaux, est illustrée par l'Arbre de Jessé. Donnée par Veuve Alexis JOSSE, elle fut réalisée en 1868, par le maître verrier DIDRON de Paris, élève de VIOLLET le DUC. Elle coûta à l'époque 3.500 Frs. Sous le magifique autel doré, on aperçoit la table d'autel en pierre qui fut l'autel primitif. Sur la droite la piscine dans une niche creusée dans la pierre se trouvaient deux pièces de monnaie du 15ème siècle frappées en Normandie.

Flamboyant – 17 et 18ème

Nef de gauche

Cette nef, accuse en plusicurs endroits, l'oeuvre de la Renaissance par ses baies rondes cloisonnées et rayonnées. Elle est l'oeuvre de restauration entreprise par les Jésuites vers 1601 à cette vieille église du prieuré, unie à leur Collége de Dôle en 1588. Cette restauration a consisté en la création d'une file de chapelles formant pendant au collatéral sud (nef de droite).

Chapelle St FRANCOIS-XAVIER

C'était la chapelle du Seigneur, probablement fermée de tout côté, le soustraiyant ainsi aux regards des curieux. L'oculus, percé à cet endroit, lui permettait de suivre les offices au Maître-Autel, tandis que la fenêtre lui permettait d'apercevoir son château. Cette chapelle possédait un caveau funèbre, comme l'ancienne chapelle des fonts baptismaux à l'extrémité de cette même nef, et aussi la chapelle Saint Simon (sacristie actuelle).

Une pierre tumulaire incrustée dans le mur, porte cette inscription :

«GIST EN CETTE CHAPELLE LE CORPS DE FEU Mre ANTOINE LOUSSELET, A SON VIVANT PROCUREUR POUR SA MAJESTE CATHOLIQUE, EN LA TERRE ET SEIGNEURIE DE JONVELLE QUI MOURUT LE 21 JUIN 1597, DIEU METTE SON AME A REPOS».

Chapelle St SIMON - Sacristie

Parmi les modifications importantes apportées par les Jésuites, il convient de signaler la fondation de la chapelle St SIMON, en 1628, par Jean BRESSON et son épouse. Les Jésuites en qualité de Prieurs de Jonvelle leur permirent d'ériger cette chapelle, destinée à leur usage personnel, mais sous la condition de la fermer par une balustrade, d'y faire un caveau et de doter un chapelain. Cette chapelle, qui sert aujourd'hui de sacristie, est remarquable par ses fenêtres ogivales, par sa voûte en arcatures rayonnantes et par un écusson orné d'enroulements et de volutes sur lequel est gravé l'acte de fondation. De cette chapelle, les religieux gagnaient leur couvent sans sortir de lEglise; ils passaient dans la nef de droite par une porte actuellement murée qui se trouve derrière l'autel de St NICOLAS; à l'extrémité de cette nef une autre porte datée de 1617 (à l'extérieur), les faisait entrer sous la partie du cloître actuellement détruit, perpendiculairement à celui qui existe encore.

 

Le Mobilier

Dans la chapelle des Fonts Baptismaux :

Vierge à l'enfant : classée parmi les objets d'art. Statue en pierre polychromée 16ème siècle; on remarque la finesse des ciselures du voile de la Vierge et de la ceinture; l'Enfant Jésus suce son pouce.

Tableau du rosaire : Peint sur bois, c'est un triptyque dont il manque un volet.

Le panneau central campe une scène charmante dont le centre est une Vierge peinte à la manière italienne mais animée par le délicat sourire français, le tout encadré de médaillons représentant les 15 Mystères du Rosaire.

Le volet qui existe encore représente un Seigneur dans le costume du 16ème siècle, vêtu de noir avec la fraise et les moustaches, ayant les mains jointes et agenouillé devant un saint religieux. Un enfant sans doute son fils, se tient à ses côtés dans la même attitude. Au bas du tableau, sur la couverture du livre, est couché un écu d'azur, au chevron d'or, disposé deux en tête et une en pointe, entre les branches du chevron.

Dans le volet de vis-à-vis qui a disparu, une dame agenouillée entre ses deux filles, avec le costume de la même époque, de couleur sombre. A ses pieds, se trouve pareillement un livre armorié d'un écu losangé et coupé mi-parti à dextre d'azur, au chevron d'argent cantonné de trois roues d'or, à sénestre en chef au soleil d'or, coupé d'or, au bouton d'or avec feuilles pointues de sinople, rattachées aux branches de même.

Le troisième volet actuel représente une Annonciation en grisaille, elle figurait primitivement au revers du volet n° 1.

Dans cette même chapelle des Fonts Baptismaux, faisant face à la Vierge à l'Enfant , une Vierge Piette du 17ème siècle, en pierre, de facture plus simple.

Dans la nef de droite, un petit autel contient dans son retable, un tableau qui doit être une copie de Notre Dame des Jacobins de la cathédrale de Besançon.

Tout à côté, un St SEBASTIEN, en bois peint, le corps percé de flèches. Etant à proximité de la Lorraine, il est normal de trouver un autel et un tableau de St NICOLAS.

De chaque côté, deux statues en bois : L'une représente une Sainte Femme et l'autre, un évêque coiffé de sa mitre (St CLAUDE ?).

Le tableau du retable de l'autel suivant est la représentation du Sacré Coeur du 18ème siècle. On y admire une Sainte ANNE, en bois doré, apprenant à lire à sa petite fille Marie. Tandis que sur l'autel de la Sainte Vierge, vis-a-vis, se trouve une Vierge à l'Enfant, en bois doré également, tenant l'Enfant Jésus sur son bras gauche.

Sur l'autel de la nef de gauche, ont été rassemblées différentes statuettes en bois doré : des Vierges de Congrégation, une Sainte CATHERINE avec sa roue armée de pointes, un reliquaire en forme de bras et un Saint FRANCOIS-XAVIER à qui est dédié cet autel.

A l'extrémité de cette même nef un retable original, au centre duquel, on voit une imposante Vierge à l'Enfant, en bois, 18ème, classée objet d'art du 16ème, 17ème siècle, ainsi qu'un Saint PIERRE et une Sainte BARBE, portant sa tour.

Actuellement, entreposés au choeur, un tableau peint sur bois, représentant St TAURIN, évêque, datant du début du 17ème, et un tableau sur toile représentant une Fuite en Egypte, daté de 1762.

Deux ouvrages de ferronnerie sont très intéressants, d'une part parcequ'on sait qu'ils ont été fabriqués à Luxeuil, et d'autre part parce que le nom du bienfaiteur y a été gravé : «DONNE PAR FUT PARISOT CURE DE JONVELLE 1747». Il s'agit de la grille de la table de communion et de la grille qui ferme les Fonts Baptismaux du 16 - 17ème, et, classés aussi.

Les bancs, du 18ème siècle, par leur inscription gravée à même le bois rappellent la coutume de la «Location aux Enchères» qui se faisait chaque année et les adjudicataires y faisaient graver leur nom.

 

Le Clocher

 

Il est disposé de façon dissymétrique, à gauche la façade, parait avoir été rebâti de fond en comble par les Jésuites dans son aspect actuel.

Le clocher primitif était vraisemblablement en forme de «Bâtière», comme celui de Bousseraucourt, Ameuvelle ou Bourbévelle.

 

L'Abbé ROCH

On ne peut quitter l'église de Jonvelle sans évoquer la pieuse mémoire et le souvenir d'un ancien prêtre qui mourut Martyr de la Révolution, décapité à BESANCON, le 4 Mai 1794.

C'est au lendemain de son ordination en 1786, que l'abbé Louis Joseph Théodore ROCH fut envoyé à Jonvelle comme vicaire avec charge de desservir Bousseraucourt. Il y resta six ans jusqu'au jour où son refus de prêter serment à la Constitution Civile du Clergé l'obligea à partir. Sa piété et sa charité sont les deux traits essentiels de sa vie. Une femme pieuse prétendit qu'un jour où il n'avait pas de servant, elle avait vu deux deux anges s'approcher et tenir la place de l'enfant de choeur absent. Une femme de Jonvelle (Dame ROY née HOYET) accouche d'un enfant mort-né. L'Abbé ROCH fait transporter le cadavre à l'église sur l'autel de St François-Xavier, où de suite, il célèbre la messe avec une grande ferveur, jettant de temps en temps les yeux sur l'enfant qui enfin donne des signes de vie, aperçus par les personnes les plus proches de l'autel, de telle sorte que l'Abbé lui donna à l'endroit même le Baptème. Après quoi, l'enfant fut remporté plein de chaleur à la maison paternelle. On le déposa dans son berceau et (c'est un détail qui est noté ), il urine avant de retomber en froid et couleur de mort. C'est l'Abbé ROCH qui enterra l'enfant miraculé; ce fait certifié par un grand nombre de témoins, fit grand bruit dans la région.

L'Abbé ROCH refusa de prêter serment à la Constitution Civile du Clergé; quelques jours après il est expulsé du presbytère; il trouve cependant asile chez des catholiques du village, mais bientôt on lui donne l'ordre de quitter le pays. Le 12 Novembre 1791, il quitte Jonvelle pour rentrer dans sa famille à Provenchères (Doubs). Poussés par leurs aînés, des gamins de 14 à 16 ans, ne trouvant rien de mieux que de confectionner des boules de neige et de les lui lancer au milieu des cris, des huées, des moqueries et des menaces. Le prêtre, insulté, bafoué, ne se retournait de temps en temps que pour leur dire : «à Dieu mes enfants».

Il rentre dans sa famille puis il passe en Suisse. En juillet 1793, il rentre en France et exerce son ministère dans les montagnes du Doubs, en cachette et sous de multiples déguisements. Un jour, il revient à Jonvelle, il administre des mourants à Busseraucourt et à Grignoncourt; mais sa présence est signalée et il doit fuir, poursuivi par les coups de fusil des jeunes gens de Jonvelle, cachés dans les buissons pour le guetter. Une fois encore, il échappe au danger et un de ses poursuivants périt misérablement, écharpé par la barre d'un pressoir.

Il fut arrêté au village de Peseux ( Doubs), le mercredi-saint 1794, transféré à Saint-Hippolyte, puis à Besançon où il fut emprisonné. Jugé le 4 Mai et condamné à mort; le soir même il est guillotiné sur la Place Saint-Pierre.

Le Prieuré

L'église et le prieuré formaient un «tout» religieux et architectural.

Le prieuré fut fondé en 1133 par Guy 1er de Jonvelle de concert avec le Comte de Bourgogne; il appartenait à l'ordre de St Benoît et fut confirmé l'Abbé de Luxeil par le pape Honorius en 1222.

Cette communauté, avait quatre religieux de l'obédience de Cluny. Son Eglise devint paroissiale après la destruction de l'Eglise Ste Croix en 1595.

En 1588 le prieuré fut uni au Collège des Jésuites de Dôle. Cette union fut autorisée par Philippe II, Roi d'Espagne, pour favoriser, dit le roi, les hautes études, la piété et les bonnes moeurs dans son Comté de Bourgogne.

Le Père Etienne Martellange, qui fut comne une sorte d'Inspecteur des Bâtiments de l'Ordre en France a très probablement travaillé au Prieuré de Jonvelle.

La Bibliothèque Nationale conserve un dessin du prieuré de Jonvelle, ainsi qu'une vue générale «Aspect de la cité et chastel de Jonville sur Sogne au temps ou icelle fut insultée par Messire de Tremblecourt en 1595», et un dessin du Château de Jonvelle près de Châtillon-sur-Saône, après sa ruine.

Thierry La VALEUR

C'est au cours des périodes mouvementées de l'Histoire, qu'un Capitaine de la garnison de Jonvelle, du nom de Thierry La VALEUR se signala par un trait d'esprit bien digne d'être cité.

Des bandes étaient venues mettre le siège devant la place, Thierry, surnommé «La Valeur» se met à sonner de la trompette sur les murailles d'enceinte et dans les forts, en se portant rapidement d'un point à l'autre il se fait entendre sur tous les côtés presqu'au même moment. Ce stratagème réussit à persuader les assiégeants qu'ils avaient affaire à une très nombreuse garnison et ils s'éloignérent de la place sans n'avoir rien entrepris.

On a essayé de représenter cette scène dans un vitrail de la nef de gauche, à l'église.

Le général Borgnis-Desbordes, venu en manoeuvre avec ses troupes, à Jonvelle, avant la guerre de 1914 a fait revivre sous sa plume, et à sa manière, cet épisode de l'Histoire de Jonvelle :

«- Thierry la Valeur ?

«- Présent, qui m'appelle ?

«- Un petit soldat de France qui vient retremper son âme au contact vibrant, de la tienne.

En septembre dernier après une rude journée de manoeuvres, mon régiment était cantonné à Jonvelle, petit bourg de la Haute-Saône, autrefois place de guerre de premier ordre du baillage d'Amont du Comté de Bourgogne. J'avais entendu narrer, par un ancien du pays, l'histoire du Capitaine Thierry la VALEUR. Il me vint à l'idée d'évoquer l'ombre de ce vieux brave et à l'heurre où sonnne la trompette lançait dans l'air lourd du soir les notes mélancoliques de l'extinction des feux je gravissais les rochers au dessus desquels se dressent encore les ruines toujours crânes de ce qui fut le Château de Jonvelle, le rempart avancé de la Province.

«- Thierry la Valeur, mumurais-je, quel beau surnom t'a donné la reconnaissance de tes concitoyens ?

« Je t'en conjure, vaillant adversaire dont ma Patrie honora la mémoire, si tu m'entends, réponds moi ?

« Soudain , je frémis ... Etait-ce la douce brise qui murmurait dans les vieux arceaux démolis, ou était-ce

« bien la voix du valeureux Capitaine mais il me sembla l'entendre.

«- Oui, petit soldat, c'est moi Thierry la Valeur, qui ai presque seul défendu cette ville, contre les

« lieutenants de votre Roi Henri IV; et si plus tard, la Framche Comté est devenue française, dis bien à tes

« compagnons d'armes, qu'après avoir fait tout mon devoir, j'ai adopté votre Patrie du fond de mon

« tombeau ... La France est une noble nation, chez qui la valeur est sûre d'être glorifiée, même s'il s'agit

« d'un ennemi.

« Aujourd'hui, ma vieille Franche-Comté sert de cuirrasse à la France et si jamais sonne l'heure sinistre et

« solennelle, petit soldat, tu entendras vibrer dans les trompettes, l'âme de Thierry la Valeur.

« A ces mots , je sentis un frisson , dans la bruine matinal, la trompette sonnait le réveil, j'avais passé la

« nuit à écouter la voix du vieux défenseur de Jonvelle.

SALUT , HEROS OBSCURS OUBLIES PAR L'HISTOIRE.

 

L'Eglise Ste CROIX

Le Faubourg de Jonvelle, si vaste et si peuplé avant les guerres, avait aussi son église paroissiale érigée sous le titre de SAINTE-CROIX, qui lui donna son nom.

Voisin du château, cet édifice en partagea souvent les malheureuses destinées et fut détruit dans l'invasion de Tremblecourt en 1595. La paroisse fut réuni à celle de St Pierre de la ville, par ordonnance de Jean DOROZ de POLIGNY, vicaire général et suffragant de Ferdinand de RYE archevèque de Besançon.

Ce décret de réunion fut rendu le 28 Février 1598.

Les Bornes Royales

Elles sont encore visibles (une dizaine au moins) mesurant 1,50 m de haut, 0,50 m de large et 0,20 m d'épaisseur, avec un écusson carré en relief où sont gravées en relief les Trois Fleurs de Lys.

Ces bornes servaient à délimiter les «Bois Royaux» selon «Les Reconnaissances Générales du ROY à Jonvelle, reçues de Joseph CORNEVAUX, notaire, du 5 mars 1665.

« Au territoire de Jonvelle, appartient à Sa Majesté trois différents bois, l'un de haute futaie appelé MORVANT; un autre appelé ROUVEROY, en partie de haute futaie et l'autre en rapaille, et le troisième qui est aussi composé de rapailles, s'appelle le FOURCHEY qui était autrefois en gruerie, de laquelle ils furent desjoints et réunis en MIL SIX CENT ONZE, comme semblablement tous les autres bois appartenant à Sa Majesté sur ladite terre de JONVELLE par lettres patentes de furent d'heureuse mémoire leurs Altesses Sérénissimes que Dieu aye en gloire ALBERT et ISABELLE CLARA EUGENIA, contenant la concession par elles faites desdits bois en assencement pour le temps et terme.de quarante ans aux habitants des villes et villages de ladite terre, laquelle patente leur été renouvelée par sa Majesté pour autre terme de quarante ans par lesdites patentes de l'An MIL SIX CENT SOIXANTE DEUX, auxquelles il convient de se conformer, et en doivent rendre annuellement les dits habitants, la somma de HUIT Francs pour ce qui est des bois dudit Jonvelle.»

C'est en 1665, que le vieux roi Philippe IV d'Espagne fit renouveler en Franche-Comté, les reconnaissances des droits seigneuriaux de ses domaines; car le fracas des armes et les malheurs des temps précédents les avaient bien fait oublier.

En 1674, la terre de Jonvelle, partageant le sort de la Franche-Comté, entra définitivement sous la domination de Louis XIV, qui en prit possession comme vainqueur, mais à titre de comte palatin, chef de sa femme, Marie-Thérèse d'Espagne.

Aussi déféra-t-il à l'antique usage de Bourgogne, par lequel les nouveaux souverains, à leur avènement, juraient de maintenir les droits, franchises, immunité, privilèges et libertés du pays.
De plus, il se fit investir comme successeur naturel des Comtes de Bourgogne, de tous les droits qui avaient appartenu dans la province, au Roi Catholique.

La châtellerie de Jonvelle, entra donc dans le domaine du roi très chrétien, et fut administrée comme auparavant, sans autre changement que celui de maître et de couronne.

En effet, la Reconnaissance faite en 1684, au nom de Louis XIV, est la même que celle de 1665. La ville conserva son baillage, qui était un baillage royal inférieur, ressortissant de celui de Vesoul et quoique démantelée, elle continua quelque temps d'avoir son capitaine qui recevait des deux bourgmestres élus annuellement pour administrer la ville, le serment de fidélité au seigneur et à leur devoir municipal. La cérémonie se faisait le premier dimanche après l'élection, avant la messe paroissiale devant l'image de Notre-Dame qui est sur le pont.

C0NCLUSI0N

« Les Vieilles Eglises sont, à leur manière, des livres d'Histoire »

Celle de Jonvelle, sous ses vénérables voûtes, nous parle des huit derniers siècles. Ses chapelles, ses statues, ses tableaux, font revivre sous nos yeux, des siècles d'histoire comtoise.

Par la pensée, nous revoyons seigneurs et bourgeois, capitaines et gens d'armes, vignerons et artisans, y venir chercher secours et réconfort.

Guerres, révolutions, épidémies, famines, incendies y ont laissé leur tragique souvenir.

Abbé DESCOURVIERES,

curé de Jonvelle

 
 
Le choeur Chist bois